
Comment stimuler l’appétit des personnes âgées
Le manque d’appétit est l’un des problèmes les plus courants auxquels font face les personnes âgées. Apprenez quelle en est la cause et ce que vous pouvez faire pour faciliter l’heure des repas.
Au Canada, environ une personne âgée sur trois éprouve de la difficulté à combler ses besoins nutritionnels. La perte d’appétit est probablement l’une des caractéristiques les plus courantes associées au vieillissement. Ce phénomène a d’abord été surnommé « anorexie de la vieillesse » par les chercheurs, dans les années 1980. Les changements dans la physiologie du corps, le fonctionnement psychologique, l’environnement social, la présence de maladies aiguës ou chroniques et l’usage de médicaments sont tous réputés pour avoir des répercussions sur l’appétit. Le fait d’avoir peu d’appétit durant une période prolongée peut entraîner une perte d’énergie et une réduction de l’apport en nutriments, augmentant le risque de perte de poids et de malnutrition involontaires. Le risque de fragilisation, de chutes, de fractures de la hanche, de faiblesse musculaire, de réduction de la masse osseuse (ostéoporose, ostéomalacie), de lésions cutanées, de plaies de lit, de séjours plus longs à l’hôpital et de mortalité est ainsi accru chez les personnes ayant peu d’appétit. La guérison des plaies peut également être entravée, le système immunitaire, affaibli et la qualité de vie, réduite.
Facteurs physiologiques
Appareil digestif
- Certains médicaments ont comme effet secondaire de réduire la production de salive. Le manque de salive peut nuire à la formation du bol alimentaire et rendre la déglutition inconfortable, réduisant ainsi l’appétit. Ajouter des agents humectants (sauces, vinaigrettes) aux plats et offrir des liquides à boire peut faciliter la déglutition. L’utilisation de salive artificielle peut également être envisagée.
- Une mauvaise dentition ou des prothèses dentaires mal ajustées peuvent causer de la douleur ou de l’inconfort rendant la mastication difficile et ainsi nuire à l’appétit. La perte musculaire progressive qui survient avec le vieillissement peut parfois causer des changements à la forme du visage, y compris à la mâchoire. À la longue, les dentiers peuvent aussi s’user, et les visites régulières chez le dentiste ou le denturologiste sont essentielles pour maintenir une bonne hygiène et une bonne santé dentaires.
- La dysphagie peut rendre la déglutition difficile et jouer sur l’appétit et le désir de manger. Si vous avez une dysphagie, consultez votre orthophoniste pour obtenir des conseils personnalisés. Il ou elle pourrait vous conseiller de modifier la texture de vos aliments ou d’adopter une consistance liquide différente pour assurer une déglutition sécuritaire. L’appétit et l’apport alimentaire peuvent diminuer avec ces changements; pensez donc à stimuler les autres sens (c.-à-d. en jouant sur la couleur, la forme, l’arôme des aliments, la présentation dans l’assiette, les mariages de saveurs, l’ambiance – la musique) pour stimuler l’appétit.
- La digestion peut aussi ralentir avec l’âge. Les aliments demeurent plus longtemps dans l’estomac, ce qui prolonge le sentiment de satiété. Vous devrez peut-être espacer davantage les repas.
- La constipation peut réduire l’appétit; elle peut être exacerbée par la prise de médicaments, la consommation insuffisante de fibres alimentaires et de liquides, et le manque d’activité physique. Augmentez votre consommation de légumes, de fruits, de grains entiers et de protéines d’origine végétale ou prenez des suppléments de fibres alimentaires pour favoriser votre régularité intestinale.
Hormones
- La ghréline, hormone stimulant l’appétit, peut être moins présente chez les personnes âgées, alors que le taux de leptine, « l’hormone de satiété », est plus élevé à la base.
- Le taux à jeûn et postprandial de cholécystokinine (une hormone produite dans l’intestin grêle qui réprime l’appétit, réduit la vitesse à laquelle se vide l’estomac et augmente la sensation de satiété à court terme) est plus élevé.
Activité/progression de la maladie
- Les infections ou maladies aiguës (par exemple, insuffisance cardiaque, maladie pulmonaire obstructive chronique [MPOC], insuffisance rénale, maladies chroniques du foie, cancer, démence et maladie de Parkinson) peuvent nuire à l’appétit. Les maladies chroniques peuvent également réduire la dextérité et causer de la douleur, ce qui peut entraîner une perte d’appétit. Une bonne gestion de la maladie et des symptômes est la clé pour favoriser une bonne qualité de vie et la consommation de nourriture.
Perceptions sensorielles faussées ou limitées (goût, odorat, vue, toucher, ouïe)
- Nos sens nous aident à aimer les aliments et à apprécier l’expérience des repas. L’altération des sens peut changer la façon dont nous réagissons face à la nourriture, surtout lorsque l’odorat et le goût sont en cause. Les changements de la vision peuvent réduire l’attrait visuel des aliments. Essayez de faire appel aux sens qui demeurent intacts (par exemple, s’il y a une perte de vue, envisagez d’utiliser différentes épices/fines herbes/assaisonnements pour stimuler le goût et l’odorat).
Besoins énergétiques réduits
- Les changements physiologiques qui s’opèrent chez une personne qui vieillit entraînent des changements dans la composition corporelle, surtout dans les muscles. La réduction de l’activité physique est souvent synonyme de réduction des besoins énergétiques, qui va de pair avec une réduction de l’appétit. Envisagez des activités physiques agréables et qui incitent à bouger (par exemple, promener le chien, jardiner, bricoler dans le garage, faire du yoga).
Facteurs psychosociaux
Tout comme les changements physiologiques, notre environnement et notre humeur peuvent avoir une influence sur notre appétit.
Dépression
- Selon le Centre de toxicomanie et de santé mentale (CAMH), la dépression est une maladie biologique causée par des déséquilibres chimiques dans le cerveau, qui se répercutent sur la pensée, les sentiments, les comportements et la santé physique de la personne qui en souffre. Elle peut être déclenchée par un événement triste (par exemple la perte d’un être cher ou la perte de la vue ou de l’ouïe), mais elle peut aussi être causée par des troubles médicaux (par exemple, cancer, AVC, maladie d’Alzheimer) ou la douleur. L’usage de médicaments et la consommation d’alcool peuvent aussi causer la dépression. Celle-ci peut aussi toutefois s’installer sans raison apparente. La dépression nécessite à la fois une intervention médicale et une intervention sociale. Les façons de combattre la dépression peuvent comprendre : le soutien familial ou des pairs, la psychothérapie, l’utilisation de ressources communautaires et de soutien (par exemple, programmes de jour pour les personnes âgées), la préparation et la prise des repas en compagnie d’autres personnes, la création d’un environnement agréable/confortable, par exemple en ciblant les aliments préférés ou en offrant des gâteries, en améliorant l’ambiance lors des repas (musique, décor) et en cuisinant des repas respectant les préférences culturelles ou religieuses de la personne.
Démence
- Selon la Société Alzheimer, une personne atteinte de démence peut perdre l’envie de manger. Il existe de nombreuses causes, comme les facteurs physiologiques mentionnés plus haut. Des limites physiques, comme de la difficulté à prendre les aliments, à les mastiquer ou à les avaler, peuvent être en cause. Le problème peut aussi être lié à la dépression, à une difficulté à communiquer avec les prestataires de soins (par exemple si le patient n’aime pas un aliment en particulier ou ne sait pas quoi faire avec la nourriture), à la douleur (inconfort corporel ou dans la bouche), à la fatigue et au manque de concentration (être fatigué peut réduire l’appétit ou nuire à la concentration à l’heure des repas). Le recours à des stratégies comportementales, avec l’aide d’un ergothérapeute, peut être envisagé chez les personnes atteintes de démence. Cela peut comprendre l’utilisation de directives plus courtes, d’indices visuels et verbaux ou d’outils de soutien pour renforcer au maximum les capacités fonctionnelles et l’autonomie pour manger.
Solitude et isolement social
- Vivre et manger seul peut diminuer l’appétit. Cela peut être dû au manque de soutien social pour faire les emplettes ou préparer et cuisiner les repas, qui a comme résultat de réduire l’envie de manger. L’expérience des repas est moins agréable et il y a moins de signaux stimulant l’appétit et la consommation de nourriture. Le soutien de groupes sociaux communautaires, l’aide d’un travailleur de soutien personnel et l’utilisation de services communautaires de livraison de repas peuvent aider.
Taille des portions
- Les grosses portions ne sont pas appétissantes pour certaines personnes. Étant donné le processus physiologique du vieillissement qui a des répercussions sur l’appétit et les changements à la routine quotidienne des personnes âgées, l’horaire des repas peut devoir être adapté aux nouvelles habitudes d’alimentation et aux préférences alimentaires qui changent avec l’âge. La consommation plus fréquente de repas moins copieux mais ayant une teneur élevée en nutriments peut être envisagée pour répondre aux besoins nutritionnels tout en respectant la satiété atteinte plus rapidement. Des suppléments nutritionnels oraux peuvent devoir être ajoutés ou mélangés aux plats préparés à la maison pour combler les besoins nutritionnels, surtout en protéines et en calories. Les diététistes peuvent faire un bilan des habitudes de consommation et fournir des objectifs et des stratégies personnalisés pour favoriser le maintien du poids et un vieillissement en bonne santé.
Médicaments
Certains médicaments sont connus pour modifier le goût et l’odorat, provoquer des nausées et réduire l’appétit. Les antibiotiques, les antirétroviraux, les antiparkinsoniens, les relaxants musculaires, les antihypertenseurs, les diurétiques, les médicaments contre l’insuffisance cardiaque, les hypocholestérolémiants, les antipsychotiques et les anti-inflammatoires figurent parmi les plus connus. Il est préférable qu’un pharmacien ou un médecin évalue régulièrement la liste des médicaments pris afin de réduire les effets secondaires liés à la suppression de l’appétit.

Références :
- Bareuther CM (été 2010). Dwindling Appetites. Today’s Geriatric Medicine: News and Insights for Professionals in Elder Care. https://www.todaysgeriatricmedicine.com/archive/082510p32.shtml
- Gouvernement du Canada (21 juillet 2021). Guide alimentaire canadien : Une saine alimentation pour les aînés. https://guide-alimentaire.canada.ca/fr/conseils-pour-alimentation-saine/aines/
- McManus KD (20 juin 2019). Healthy eating for older adults. Harvard Health Publishing: Harvard Medical School. https://www.health.harvard.edu/blog/healthy-eating-for-older-adults-2019062016868
- Pilgrim A, Sayer AA. An overview of appetite decline in older people. Nursing Older People 2015;27(5):29-35. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4589891/
- Ramage-Morin PL, Garriguet D. Nutritional risk among older Canadians. Health reports 2013;24(3):3-13.
- DécouvrezLesAliments.ca (1er novembre 2019). Une question de goût.https://www.unlockfood.ca/fr/Articles/Sodium/Une-question-de-gout.aspx?aliaspath=%2fen%2fArticles%2fSodium-Salt%2fA-Matter-of-Taste
- Woods M (2017). Improving Nutrition in the Elderly. Beth Israel Lahey Health Winchester Hospital. https://www.winchesterhospital.org/health-library/article?id=8749
Ces ressources ont été rendues possibles grâce à une subvention éducative sans restriction d’Ensure.